Histoire du village

L’origine du nom :

Le village tient son nom du ruisseau qui l’arrose. La légende raconte que par un beau jour d’été une jeune paysanne portant sur sa tête un pot rempli d’une délicieuse soupe aux pois «Müas-Suppa» destinée à son homme qui peinait dans les champs depuis l’aube s’apprêtait à traverser le ruisseau à gué. Elle glissa sur un gros galet, le pot se renversa et le précieux contenu se répandit dans l’eau. Confuse, elle s’écria «Müas…Bach !» que l’on peut traduire par «rivière aux pois».

La topographie :

Muespach, commune résultant de la fusion de Moyen-Muespach et de Muespach-le-Bas en 1972, est située dans le vallon du Muesbach (appelé Gersbach à Steinsoultz), à 7 km de Ferrette, chef-lieu de canton. La vallée aurait été creusée par un ancien cours du Rhin lorsque celui-ci, à la fin du tertiaire, coulait d’Est en Ouest vers la porte de Bourgogne. L’on retrouve la dissymétrie caractéristique des vallées sundgauviennes : versant sud adouci couvert de lehm plutôt médiocre, versant nord abrupt et dominé par un plateau loessique fertile.

Le finage couvre 1.136 ha et s’étend depuis l’ancienne voie romaine qui constitue la limite vers Berentzwiller au Nord, jusqu’aux forêts dominant Durmenach et Werentzhouse au Sud. Les altitudes varient de 467 m dans la forêt vers Werentzhouse à 375 m au niveau du Muesbach à la limite du ban de Steinsoultz. La mairie est située à une altitude de 410 m et le château d’eau à 458m.

La toponymie :

Dès sa fondation en 1144, le couvent de Feldbach possédait une cour colongère de 13 tenanciers à Muespach-le-Bas. Plus tard, le village est mentionné dans différents actes de donation ou de vente, notamment au profit de couvents bâlois, sous les dénominations suivantes :

pour Muespach-le-Bas : Muospach inferior (1245), Nidren Muszpach (1427), Niedermuespach (1768)

pour Moyen-Muespach : Mitelen Muospach (1267), Mediocris Muospach – Mitelen Mospach (1278), Mediocri Muospach (1281), Villa medii Muospach – Muospach medio (1283), Media villa Muospach (1284), Mittelmuespach à compter du XVIIIème siècle.

Carte représentant Muespach

Les armoiries :

«Parti, au premier d’argent à l’arbre arraché de sinople accosté de deux merlettes de gueules affrontées, au deuxième fascé d’or et de sable de six pièces, un lion de gueule brochant le tout».

Créées en 1977, ces armoiries rassemblent sur un même blason celles des anciennes communes de Muespach-le-Bas (à gauche) et Moyen-Muespach (à droite).

Les sobriquets :

Hans LIENHART, dans son ouvrage «Elsässische Ortsneckereien» (1927), nous apprend qu’au fil des temps nos habitants étaient affublés de divers surnoms, dont :

pour Muespach-le-Bas : Zwélchchéttel (vestes de coutil) – Suppabich ou Supparanza (ventres pleins de soupe) – Babbaleffler (mangeurs de bouillie) – Glockaschelma (voleurs de cloches). Selon la tradition, lors d’une reconstruction de l’église, toujours située à Moyen-Muespach, des habitants de Muespach-le-Bas auraient, au cours de la nuit, déménagé les cloches dans leur commune à l’endroit choisi par eux pour l’édification du lieu de culte, faisant croire par là à un miracle de la Sainte Vierge.

pour Moyen-Muespach : Fürtig (tabliers) – Stetzlechràcher (croqueurs de pilons de volaille, cuissots de lapins,…) Chiachlenàger (rongeurs de petits gâteaux). Dans la proche Suisse, à Rodersdorf, nous étions surnommés «Schnurrer» (c’est-à-dire «Schmuggler», contrebandiers), car plusieurs personnes avaient fait profession de l’importation illégale de sucre, café et tabac. Un sentier à travers champs et forêts reliant le village à la Suisse était appelé «Tübàkwagle» (sentier du tabac).

Archéologie :

André GLORY, dans son inventaire établi vers 1940, signale la découverte de 25 haches du néolithique ainsi que d’une houe. La présence d’ébauches de haches tend également à prouver l’existence d’un atelier de fabrication.

Le ban communal est longé au Nord par une ancienne route romaine (« Reemerstross »). Une  grande route venant de la vallée du Rhône rejoignait alors la route du Rhin à hauteur de Cambete (Kembs), importante station romaine. La voie qui nous intéresse était une bifurcation de cet axe, partant des hauteurs de Bettendorf pour rejoindre Arialbinum à proximité de Bâle.

Selon certains historiens, la « Vieille route » (« Alti Stross ») reliant Waldighoffen à Folgensbourg par les crêtes serait aussi d’origine romaine.

 

Jean Paul RIETHER

Bibliographie :

Le Haut-Rhin, Dictionnaire des Communes. Ed. Alsatia 1981. Tome 2, pages 926 à 932.

Specklin (Robert) : «Moyen-Muespach, esquisse historique», dans le n° 9 des publications de l’Association des Maisons Paysannes d’Alsace.

Wacker (Eugène) : Eine alte Kirchenordnung in Mittelmuespach, in Pages Sundgoviennes, Ed. Alsatia 1950, tome 2, pages 53 à 59.

Historique des villages de Moyen-Muespach et Muespach-le-Bas, enquête faite par les élèves de l’Ecole des Filles de Muespach vers 1970.

Brochure publiée par le conseil de fabrique lors du 140ème anniversaire de l’église en 1984, d’après les recherches de Jean Paul RIETHER dans les archives paroissiales.